Les légendes arabes séculaires qui composent les célèbres Contes des 1001 nuits ont toujours autant d’impact sur notre imaginaire. Lorsque l’histoire de Zurrumude (Nuit 352), la princesse esclave blanche, a été retravaillée pour devenir un conte moderne, Osama Abdulrasol, compositeur et joueur de qanun irakien, s’est immédiatement mis à l’œuvre. Le texte lui a inspiré de nouvelles compositions. Cette Nuit 352, il a décidé de l’interpréter en compagnie du Brussels Jazz Orchestra.
Dans la musique qu’il a écrite pour ce projet, Osama Absulrasol raconte tant sa propre histoire que celle de Zumurrude. La Night 352 donne l’occasion au Brussels Jazz Orchestra de se frotter aux structures complexes de la musique arabe classique. Davantage que la collaboration d’un orchestre de jazz occidental et d’un maître de la harpe orientale, les arrangements (qu’on doit notamment à Callum Au, Frank Vaganée et Pierre Drevet) sont le reflet d’une fascination mutuelle pour les deux genres musicaux. En compagnie de Jahida Wehbe (chant), Osama Abdulrasol et le BJO revisitent l’histoire de Zumurrude de manière vive et contemporaine.
C’est l’écrivain Hazim Kamaledin (finaliste de l’International Arabic Booker Prize 2015) qui a réécrit le texte de la Nuit 352 pour Osama Abdulrasol. Il a imaginé que Zumurrude, l’esclave blonde, se réveillait entre les pages du conte et poursuivait sa vie dans notre époque moderne. Dans les parties 345 à 364 des Contes des Mille et une nuits, la princesse joue un rôle primordial. C’est à présent devenu une fable moderne sur l’esclavage d’aujourd’hui. Mais l’histoire évoque également la passion pour la musique et comment elle peut contribuer à faire reculer les frontières. Un thème qui touche tout particulièrement Osama Abdulrasol.
« La musique emmènera le public dans un voyage aventureux, mais j'espère aussi qu'il saisira certains des thèmes universels que nous abordons dans ce projet. Entre-temps, Gand est devenue ma ville de résidence, mais les gens ne devraient pas oublier à quel point il est complexe de faire d'un endroit son foyer. Night 352 n'est pas seulement le récit d'une vieille histoire, mais parle aussi de l'esclavage contemporain, de la passion pour la musique et de la façon dont celle-ci peut repousser les limites. Il existe aujourd'hui d'innombrables personnes qui, comme Zumurrude, surmontent toutes sortes d'obstacles parce qu'elles continuent d'espérer une vie meilleure. »
Ses nouvelles compositions mêlent la tradition, le présent et le futur, mais aussi la fiction et la réalité. C’est le Brussels Jazz Orchestra qui a réalisé les arrangements. La légende orientale plante le décor, et la musique raconte l’histoire.
Qanun et compositions : Osama Abdulrasol
Chant: Jahida Wehbe
Arrangements : Callum Au, Pierre Drevet, Geoffrey Fiorese, Gyuri Spies & Frank Vaganée
Percussion : Francois Taillefer
Réécriture des 1001 nuits : Hazim Kamaledin
Osama Abdulrasol est irakien : il est compositeur, joueur de qanun et artiste figuratif. Il est né à Babylone, a étudié la musique occidentale (guitare classique) au Royaume-Uni et la musique orientale (qanun – également appelé harpe arabe) en Irak. Il a grandi dans une famille très religieuse où la musique était proscrite, et son apprentissage de la musique a donc eu lieu, dès l’enfance, dans le plus grand secret. C’est sa soif de musique qui lui a fait découvrir le jazz. En 1997, il fuit l’Irak et s’installe à Gand. La diversité culturelle et musicale européenne ouvre alors un océan de possibilités au jeune musicien exilé. Entretemps, Osama Abdulrasol est devenu un musicien très prisé, tant en Belgique qu’à l’étranger. Il a composé pour le cinéma et le théâtre, a tourné dans le monde entier, entre autres avec l’Antwerp Symphony Orchestra (de Filharmonie), le Brussels Philharmonic (sous la direction de Dirk Brossé), The Metropole Orchestra, Sidi Larbi Cherkaoui, Goran Bregovic, Jahida Wehbe, BJ Scott, Wannes Van de Velde, Luc De Vos, Waed Bou Hassoun, Arifa, Olla Vogala Melike, Oblomow, Weshm, Muziektheater Transparant… En 2013, il a remporté le Cultuurprijs de la ville de Gand.
Jahida Wehbe est surnommée “la Prêtresse de la scène” par la presse occidentale et arabe. Jahida Wehbe a démarré sa vie professionnelle en décrochant plusieurs diplômes au Conservatoire de Beyrouth, dont mise en scène, jeu d’acteur et chant oriental. Ensuite, elle s’est plongée dans l’opéra oriental, notamment par le biais du chant syrien et byzantin. Outre de nombreux projets en lien avec le théâtre et le cinema au Liban, elle a enseigné la musique, la performance, la diction et la poésie arabe. Elle a représenté son pays, le Liban, dans de nombreuses manifestations artistiques et culturelles, comme l’Arab Music Festival et la Foire du Livre de Francfort. Son timbre de voix si particulier l’à amenée à se de produire sur des scènes aussi prestigieuses que le Royal Opera House Muscat (Oman) et le Temple de Bacchus (à Baalbeck au Liban). Elle a, entre autres, été accompagnée par Omar Munir, le British Symphony Orchestra et le Mediterranean Symphony Orchestra. Jahida Wehbe est également une compositrice reconnue, qui s’est donné comme objectif d’enrichir le patrimoine musical arabe, grâce à une palette très étendue de projets musicaux. Elle est aujourd’hui considérée comme l’une des voix musicales contemporaines les plus importantes dans le monde arabe. En 2019, elle a reçu le Munir Bashir Artistic Ingenuity Award, qui couronne sa belle carrière artistique et son ingéniosité musicale.