A la rencontre de Stijn Declercq

02 sep 2022

Tous les deux mois, nous vous proposons de faire connaissance avec une personnalité liée à l’orchestre, que ce soit sur scène ou dans les coulisses. Ce mois-ci, plein feu sur Stijn Declercq (ingénieur du son).

 

Depuis quand fais-tu partie du BJO ?

Il faudrait que je vérifie, mais je fais partie des derniers arrivés. Mon premier concert avec le BJO c’était le 29 janvier 2020 pour la tournée Two Places avec Monique Harcum et DJ Grazzhoppa.

 

Quel est ton rôle exact dans l'orchestre ?

Je gère le son et les retours sur scène. Ce qui signifie que je fournis un mix différent pour chaque groupe de musiciens. Ce son leur parvient soit à travers des retours posés sur le sol, soit par casque ou oreillette. Ce système permet à chaque musicien de s’entendre convenablement au sein de l’orchestre, et surtout à chacun de jouer dans le rythme et la tonalité de l’ensemble. En tout cas, c’est ce que j’essaie de réussir (rires).

 

Comment et pourquoi as-tu choisi ton rôle dans l'orchestre ?

J’avais été contacté via via car le BJO avait démarré une collaboration — techniquement assez complexe — avec des musiciens venus de la scène DJ (pour le projet Two Places), ce qui ne fonctionne qu’en utilisant des oreillettes. Un tel set-up ne pouvait pas être géré par le seul ingénieur du son dédié à la façade. C’est à cette occasion que je suis intervenu. Je connaissais déjà la plupart des nouveaux musiciens (Mo & Grazz) car j’étais déjà parti en tournée avec eux. J'ai été convaincu dès le premier jour et ce projet Two Places a, parmi tous les autres projets sur lesquels j’ai travaillé, une signification très particulière pour moi.

 

Que fait-tu quand tu ne travailles pas avec le BJO ?

Avec 7 autres collègues, j’interviens sous le nom de MONO soundteam. C’est un groupe très uni, où chacun développe ses propres compétences mais est également très investi dans le travail collectif. Pour certains projets plus importants ou des tournées plus intensives, il est primordial de pouvoir se faire remplacer au pied levé par un collègue en qui le groupe a pleine confiance et cela fonctionne très bien avec cette petite équipe de 7 personnes. Récemment, nous avons dû répondre à une demande de dernière minute pour la tournée avec Kommil Foo. Notre agenda “post covid” était très chargé mais avec les 3 membres de l'équipe MONO, nous avons pu le mener à bien. 
 

Nous travaillons surtout pour les groupes et nous passons beaucoup de temps à écouter des enregistrements live pour chacune de nos missions, histoire d’essayer d’obtenir le meilleur son possible. Ce qui implique également de faire des répétitions avec toute la sono, en préparation des tournées, afin de régler un show nickel, en pleine collaboration avec les musiciens.

Par ailleurs, nous effectuons pas mal de mixages en Dolby Atmos, récemment pour Stromae ou quelques festivals (Lokerse Feesten, Les Ardentes et Arena5).

Enfin, c’est amusant de signaler que pendant la pandémie, nous avons lancé une chaîne Youtube. Sur MONO SOUNDLAB, nous postons des trucs et astuces destinés aux ingés son. Dans un de nos premiers clips, j’explique par exemple comment j’ai utilisé un mix 3D dans le cadre de Two Places pour le BJO. Jetez-y un oeil.

Ces dernières années, j’ai essentiellement travaillé pour des gens comme Netsky Live, Goose, Gers Pardoel, De Dolfijntjes, Oscar and the Wolf, Yong Yello, Breakbot, SX, Sebastian, Bazart et Lost Frequencies.

 

« J'ai été convaincu dès le premier jour et ce projet Two Places a, parmi tous les autres projets sur lesquels j’ai travaillé, une signification très particulière pour moi.  » 

- Stijn Declercq

 

Quel est le projet, cette saison, qui te motive le plus ?

J’avoue que Two Places, qui mélange hiphop, jazz et soul, reste un de mes préférés.   

 

Quel est ton meilleur souvenir avec le BJO ?

Le Brosella Jazz, toujours pour cette même tournée en compagnie de Monique Harcum et DJ Grazzhoppa. C’était en pleine pandémie, un défi d’arriver à faire jouer un tel line-up, avec beaucoup de distancs entre les différentes parties de l’orchestre, et très peu de temps pour tout régler, cela a été un vrai kick pour moi.

 

Quel rapport entretiens-tu avec le jazz ?

Mon père est un véritable amateur de musique, mais ce n’est pas lui qui m’a initié au jazz. Ma première émotion jazzy, ça devait être My Baby Just Cares for Me de Nina Simone, c’était d’ailleurs la chanson qui a ouvert la soirée lors de mon mariage. Mais bon, les vrais jazzmen vont sans doute trouver ça trop pop.

Dans mes premières années en tant ingénieur du son, je me souviens très bien d’un concert d’Aka Moon à Tournai. J’étais chargé des retours, j’ai été très impressionné par Stéphane Galland et étonné par ma capacité à  m'immerger complètement dans leur structure musicale. Par contre, je n'ai pas compris comment les musiciens arrivaient à être aussi indépendants du tempo, tout en retombant sans cesse sur leurs pattes. Ce concert m’a beaucoup marqué.

C’est à cette époque que j’ai commencé à écouter davantage de jazz, notamment en empruntant des références Blue Note à la médiathèque (le streaming n’existait pas encore). Je suis par exemple tombé sur Guru’s Jazzmatazz qui m’a converti au hiphop tendance jazz. Puis ce fut Music Evolution de Buckshot LeFonque et, par extension, la découverte de toute la famille Marsalis. And so on. On va donc dire que j’ai été un peu lent à m’y mettre, au jazz.

Plus tard, j’ai eu l’occasion d’aller bosser avec Zap Mama au Blue Note Jazz Club au Japon et d’entendre comment Grazz arrivait, au départ de quelques samples, à construire des morceaux mortellement groovy. Nous avons également eu l’occasion de travailler avec Jamie Lidell dans des grands festivals de jazz comme Montreux et le North Sea. J’adore découvrir des nouveaux environnements musicaux.

 

Quel CD/disque en streaming/émission de radio écoutes-tu en particulier pour l'instant ?

Récemment, au festival de Dranouter, ma femme a fait une chouette découverte : Coline & Toitoine.

 

Qui rêves-tu de convier à jouer avec le BJO et pourquoi ?

Je trouve toujours fantastique quand on réunit sur une scène deux artistes venant de disciplines complètement différentes, et qu’on les fait sortir de leur zone de confort. Voir, entendre et sentir ce qui ressort d’une telle collaboration, c’est cela la véritable magie de la musique. Et donc, pour répondre à la question, disons un artiste à qui je ne pense même pas actuellement et dont une collaboration avec le BJO, a priori inenvisageable, me surprendrait totalement.